Je suis venu en France car la situation était difficile avec les talibans en Afghanistan. Mon père travaillait pour l’armée et les talibans sont venus chez moi pour prendre mon père et mon grand frère et ils les ont tués. Alors je suis parti pour la France à pieds. Je suis passé par l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne puis je suis arrivé en France, jusqu’à Paris.
Pour moi, ça a été très difficile d’arriver en France parce que je ne parlais pas français. Je n’avais pas de logement, je dormais dans la rue, je n’avais pas de famille.
Des fois je ne mangeais pas pendant 10 ou 15 jours. C’est l’Assistante sociale qui m’a aidé.
J’ai fait une demande d’asile à Paris en 2015 et j’ai obtenu le statut de réfugié, ce qui m’a permis de travailler. J’ai commencé par travailler dans le bâtiment et en même temps, je prenais des cours de français. Ça se passait très bien mais mon chef est parti en Turquie, alors j’ai cherché un autre travail. J’ai rencontré des gens à la gare de l’Est. Ils allaient faire les vendanges en Champagne à Reims. Ils m’ont proposé de venir avec eux. Une personne est venue et m’a promis un contrat de travail. Elle a pris mon identité et ma carte vitale. Mais quand je suis arrivé à Reims ils ne m’ont pas donné de contrat de travail.
On vivait dans des appartements sans matelas, sans coussins, avec une seul douche et un seul toilette pour tout le monde. Le frigo était vide.
Le travail était très compliqué, très dur. C’était la première fois que je voyais ça, même depuis l’Afghanistan. On commençait le travail à 6h du matin et on finissait à 23h. On avait juste un repas le midi, sans petit déjeuner ni repas du soir. Il n’y avait pas de place pour dormir et on manquait d’eau.
Mon assistante sociale à Paris m’a contacté pour savoir pourquoi je ne venais plus la voir. Je lui ai dit que je travaillais à Reims. Elle m’a alors demandé de lui envoyer mon contrat de travail par WhatsApp.
J’ai alors demandé mon contrat à la dame qui nous avait recruté. J’ai aussi réclamé de l’eau et à manger quand nous travaillons et une place pour dormir. Elle m’a répondu que si on ne voulait pas travailler comme ça, il fallait partir.
Alors je suis allé voir la sécurité dans un grand parc à côté de notre travail. Je leur ai demandé si on pouvait faire venir la police pour qu’elle voit ce qui se passait sur notre lieu de travail. Ils ont appelé la police et des officiers sont venus avec moi. Ils ont pris des photos et des vidéos des logements et ont vu les conditions de travail. Ils n’ont pas trouvé les contrats. Alors ils m’ont dit de venir déposer plainte le lendemain. Ensuite, j’ai dû retourner à Paris car j’étais à la rue. Après l’enquête, les employeurs ont été condamnés pour traite des êtres humains.
Aujourd’hui, j’ai retrouvé du travail dans un hôtel à Pigalle. J’habite dans le 20è dans un HLM. Je suis très content, du travail et des gens que je rencontre…
Sefatullah est accompagné par le Comité Contre l'Esclavage Moderne depuis le 18 juillet 2019.