
Dans son message à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains 2025 « Mettons fin à l’impunité » le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres affirme :
« La traite des êtres humains est un crime ignoble et une violation flagrante des droits humains. Cette forme de criminalité organisée – une de celles dont l’évolution est la plus rapide – est aux mains de réseaux impitoyables qui s’appuient sur la vulnérabilité et la souffrance des autres. Cette entreprise odieuse et très organisée est fondée sur la tromperie, la coercition et l’exploitation. Et elle se développe rapidement. Les groupes criminels opèrent au-delà des frontières, à une vitesse inquiétante et d’une manière effroyablement complexe. Ils exploitent les vides juridiques, infiltrent des secteurs d’activité légitimes et des chaînes d’approvisionnement légales, profitent des flux migratoires et se servent de la technologie pour recruter, contrôler et maltraiter des personnes – notamment en se livrant à de l’exploitation sexuelle en ligne ou en forçant les victimes à prendre part à la cyberescroquerie.
Face à cela, nous devons être unis et agir de toute urgence.
Nous pouvons le faire en brisant le modèle de fonctionnement de la traite d’êtres humains – en mettant fin à l’impunité, en supprimant les profits illicites et en renforçant les systèmes d’application des lois et les systèmes judiciaires. Les auteurs doivent répondre de leurs actes.
Nous devons également forger des alliances solides – avec la société civile et le secteur privé, notamment les entreprises du secteur de la technologie – pour faire connaître et promouvoir les canaux de signalement afin de prévenir l’exploitation et de protéger les personnes vulnérables.
Nous devons nous efforcer de rendre justice aux personnes survivantes, de soutenir celles qui sont déplacées et de nous attaquer aux causes profondes que sont la pauvreté et les inégalités, les conflits et le dérèglement climatique, entre autres. »
En cette Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, prenons ensemble fait et cause pour les victimes et agissons de concert pour demander des comptes aux auteurs et construire un monde dans lequel personne n’est acheté, vendu ou exploité.
Le rapport mondial 2024 de l'ONUDC confirme l'ampleur vertigineuse du crime (télécharger le rapport ici)
- Plus de 200 000 victimes détectées dans le monde entre 2020 et 2023, avec une hausse de 25 % des cas connus depuis 2019.
- Au niveau mondial, l’exploitation au travail a dépassé l'exploitation sexuelle et le nombre d'enfants victimes a augmenté de 31 %.
- La traite des êtres humains à des fins de criminalité forcée, y compris les escroqueries en ligne, se développe rapidement.
- Les trafiquants exploitent les espaces numériques, les conflits et les crises socio-économiques avec une efficacité impitoyable. Aucun pays n'est à l'abri.
Le Secours Catholique - Caritas France avec le réseau mondial COATNET, dont il est membre du comité directeur, a participé activement à l’une des réunions préparatoires régionales 2025 du 15e Congrès des Nations unies sur la criminalité, alors que d’autres membres de Coatnet y participaient dans d’autres continents.
En Afrique, en Asie-Pacifique, en Asie occidentale comme en Europe, la société civile a appelé à une action centrée sur les personnes victimes et survivantes, fondée sur les droits et coordonnée au niveau mondial.
Les thèmes abordés comprenaient l'inclusion des jeunes, les conséquences du changement climatique et la vulnérabilité, la réglementation de la cybercriminalité et l'intégration des objectifs de développement durable (ODD) mettent en évidence la nature complexe et transversale de la traite des êtres humains, qui touche aux droits de l'homme, à l'égalité des sexes, aux droits du travail et aux systèmes judiciaires.
La traite des êtres humains n'est pas une question marginale – cela fait partie de la criminalité organisée - et nos réponses doivent être à la hauteur de son ampleur et de sa complexité.
Cela signifie qu'il faut renforcer les systèmes juridiques, interrompre les flux financiers illicites et veiller à ce que les survivants aient accès à la justice, à la protection et à un soutien à long terme.
Il s'agit également d'écouter les personnes concernées et de reconnaître que les survivants ne sont pas seulement des victimes, mais aussi des acteurs du changement.
Il s'agit notamment d'appeler à des réformes juridiques axées sur les survivants, à l'accès à l'indemnisation et à la protection, et à des réponses politiques qui s'attaquent aux causes profondes de la traite, à savoir la pauvreté, la violence, les déplacements et la discrimination.
Beaucoup trop de cas de traite des êtres humains ne sont pas signalés ou restent impunis.
Les survivants sont souvent victimes d'une nouvelle victimisation et d'une marginalisation.
Les membres de COATNET exhortent les gouvernements à renforcer leurs systèmes juridiques, à respecter leurs engagements internationaux et à combler le fossé de l'impunité.
Nous sommes tous appelés à marcher et agir avec les personnes en situation de vulnérabilité.
La solidarité est une justice en mouvement. Elle exige une réforme juridique, une volonté politique et une clarté morale. Ensemble, levons-nous pour mettre fin à ce crime !
Secours Catholique Caritas France
Le Secours Catholique Caritas France participe à la lutte contre la traite des êtres humains sous toutes ses formes (exploitation sexuelle, travail forcé, esclavage domestique, incitation au vol, incitation à la mendicité, trafic d’organes...) en soutenant des initiatives locales en France et dans différents pays et en développant des actions de plaidoyer auprès des acteurs institutionnels.
Il s’agit :
d’améliorer la prévention des populations à risque,
de sensibiliser le grand public,
de mettre en réseau les acteurs locaux pour développer l’échange d’informations et l’interaction,
d’accompagner les victimes (aide psychologique, juridique, sociale)
et enfin de développer des activités de plaidoyer aux niveaux national.
Le Secours Catholique - Caritas France qui coordonne le Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" est membre de la plateforme européenne de lutte contre la traite des êtres humains créée par la Commission européenne.
Le Secours Catholique collabore régulièrement avec le GRETA du Conseil de l’Europe et interpelle le Comité des Parties à la Convention du Conseil de l'Europe. contre la traite des êtres humains afin que le suivi de celle-ci interpelle les gouvernements signataires chargés de leur application dans leur pays.
Il est aussi membre du groupe de pilotage du réseau mondial Coatnet piloté par Caritas Internationalis, ce qui favorise des collaborations et partenariats avec diverses organisations de tous les continents.
Il intervient régulièrement avec le réseau Caritas présent dans 160 pays, dont il est le membre français, auprès des institutions de l'ONU : Conseil des droits de l'homme, Comité des droits de l'Enfant.
Texte Geneviève Colas, Secours Catholique - Caritas France