« L’Express du quartier rouge » est une pièce de théâtre créée par d’anciennes victimes de traite originaires du quartier rouge de Mumbaï en Inde.
"Je suis venue à Kranti - le Foyer - à 17 ans seulement. Après l'école primaire, j'ai travaillé des années comme domestique, affrontant aussi pendant des années les abus sexuels.
Mais j'ai découvert la passion de ma vie en arrivant à Kranti : la musique et les enfants ! L'an dernier, j'ai enseigné auprès de plus de 600 jeunes dans 20 écoles de l'Etat à Mumbai.
Je veux transmettre aux étudiantes la résilience et la possibilité de traverser toute chose : elles ont tant à offrir au monde ! "
Sheetal
Le 30 juillet 2019, ces femmes donnaient une représentation à Bruxelles, dans un local associatif. Marie Hélène Halligon, présente ce jour-là, témoigne.
« Ce jour-là, à la tricoterie, un local associatif proche du quartier rouge de Bruxelles, de jeunes indiennes nous ont embarqué dans leur train. Toutes vêtues de noir, avec pour seul accessoire un grand foulard, elles nous ont plongé dans leur propre histoire. De la traite à la survie, de leur enfance à ce jour, les courtes scénettes sans paroles illustraient leur parcours. Par intermittence, le public était invité à dialoguer avec elles sur ce qu’il venait de voir. La salle était touchée au cœur. C’était frappant de voir le courage qui se dégageait d’elles.
Elles ne renient pas leur passé. Au contraire, c’est sur celui-ci qu’elles construisent leur avenir et qu’elles s’enrichissent, pour à leur tour venir en aide à celles qui sont tombées dans les griffes de la traite.
Aujourd’hui avocates, étudiantes, formatrices, ces femmes étaient pourtant parties de rien. Victimes d’exploitation sexuelle et de servitude domestique au cours de leur vie, elles ne renient pas leur passé. Au contraire, c’est sur celui-ci qu’elles construisent leur avenir, pour à leur tour venir en aide à celles qui sont tombées dans les griffes de la traite.
Entre les lignes, nous devinions qu’elles nous invitaient à faire la même démarche qu’elles. Je trouvais ça très fort de leur part.
Il est vrai que le foyer dans lequel elles ont trouvé abri est particulier. Les victimes sont invitées à choisir ce qu’on peut leur offrir pour les aider à aller mieux. Elles ont donc toute latitude pour s’investir dans ce qu’elles estiment positif pour elles.
C’est une réelle invitation à prendre en main sa propre reconstruction et à devenir acteur de son avenir.
Ensemble, elles sont le symbole de la réussite de ce type d’approche. »
La Congrégation ND de Charité du Bon Pasteur fait partie du Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains". Elle est également membre du réseau européen Renate.
RENATE est un réseau européen de religieuses et laïques répartis dans 30 pays d’Europe qui luttent contre la traite et l’exploitation. Il fait partie d’un Réseau mondial, Talitha Kum, basé à Rome, qui fédère les réseaux similaires existant sur tous les continents.
Ses activités sont nombreuses :
Foyers pour les femmes victimes d’abus et de traite – réhabilitation
Travail de rue auprès des victimes d’exploitation sexuelle
Travail de prévention auprès des femmes, et des enfants dans toute l’Europe
Conscientisation dans les écoles, centres communautaires, églises
Lobbying et Campagnes : au plan local, national, Européen et international
Plaidoyer dans les média, média sociaux, articles et publications
Soutien psychologique individuel aux victimes à domicile ou en Foyers
Travail en Réseau avec les ONG Européennes et de l’ONU contre la traite
Travail avec les réfugiés en centre de détention
Travail avec les demandeuses d’asile
Travail avec les personnes victimes de traite : accompagnement multidisciplinaire,apprentissage de la langue du pays d’accueil…
Article écrit en collaboration avec Marie Hélène Halligon, membre de ND de Charité du Bon Pasteur