En France, depuis plusieurs années, l’exploitation sexuelle à des fins prostitutionnelles se transforme et s’invisibilise aux yeux du grand public et des forces de sécurité intérieure. En effet, elle s'éloigne de la rue pour s'installer derrière les murs des hôtels ou des logements privés, rendant les victimes de plus en plus invisibles.
Au sein de la direction nationale de la police judiciaire, l'office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) existe depuis 1958 et lutte contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle (TEHES) et le proxénétisme.
L’objectif de ses enquêteurs spécialisés est de lutter contre ces phénomènes en démantelant des réseaux sur l’ensemble du territoire français et en identifiant les victimes pour les en faire sortir.
Une situation préoccupante
En 2023 :
- Plus de 50 réseaux très organisés de traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle et de proxénétisme démantelés,
- 1000 mis en cause interpellés,
- 1051 victimes identifiées par les forces de sécurité intérieure dont près de 30% étaient mineures. Le nombre de mineurs en situation d’exploitation sexuelle augmente de façon inquiétante depuis 2015.
Mais ces chiffres ne reflètent qu’une partie du phénomène car, dans le même temps, le principal site internet proposant des prestations susceptibles d’être à caractère prostitutionnel affichait 35 000 à 40 000 annonces par jour.
Une mobilisation gouvernementale
Pour lutter contre ce fléau grandissant, la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, a lancé au mois de mai 2024, la première stratégie de lutte contre le système prostitutionnel. Elle s’inscrit dans la continuité du troisième plan national de lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains, présenté en décembre 2023, et porté par la Miprof (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains).
Le volet répressif de ces initiatives gouvernementales se décline au sein d’un plan national triennal (2024-2026), porté par l’OCRTEH en tant que chef de file national sur cette thématique. Il est notamment destiné à renforcer l’action des services de police et de gendarmerie sur cette thématique au niveau local, national et international. Ce plan est composé de 22 mesures dont découlent 54 actions.
Il a été lancé le 26 juin 2024 par monsieur Aymeric SAUDUBRAY, directeur national adjoint de la police judiciaire, à l’occasion de la première réunion du comité de pilotage de suivi de la mise en œuvre du plan et en présence de madame Roxana MARACINEANU, secrétaire générale de la Miprof mais aussi, semble-t-il, de certains représentants du secteur associatif.
Quelques mesures phares du plan de l'OCRTEH
- Le renforcement des capacités des services d’enquête en termes de moyens humains, techniques, pédagogiques et d’aide à l’enquête.
- La mise en place d’un réseau de référents départementaux (Police et Gendarmerie Nationale), assurant la coordination locale et la remontée d’informations opérationnelles sur les affaires diligentées mais également sur des enjeux essentiels telle que l’exploitation sexuelle des mineurs à des fins prostitutionnelles.
- L’amélioration de la politique de contrôle et de verbalisation des clients en vue de faire diminuer la demande.
- Le renforcement de la prise en charge et de l’accompagnement des victimes, en créant ou consolidant, au niveau local, les partenariats entre les forces de sécurité intérieure et le secteur associatif spécialisé.
Focus sur la prise en charge des victimes et renforcement des liens avec les associations
Parce qu’il est essentiel de renforcer encore et toujours les partenariats entre les forces de sécurité intérieure et le tissu associatif spécialisé pour offrir une prise en charge et un accompagnement individualisé aux victimes de traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle sur l’ensemble du territoire national, plusieurs actions et mesures du plan sont consacrées à l’amélioration de cette prise en charge.
Un accompagnement efficace de celles-ci est fondamental pour leur permettre de se reconstruire mais également d’être en capacité de témoigner dans le cadre de procédures judiciaires.
Ambitieux mais réalisable, ce plan d’action devra rassembler l’ensemble des forces et des compétences des différents acteurs concernés pour une mise en œuvre effective de l’ensemble des mesures, au service de toutes les victimes. L’OCRTEH s’y engage avec détermination.
Télécharger la présentation du plan de l'OCRTEH
Pour rappel : Toute association qui souhaiterait signaler des faits, échanger sur la situation d'une victime susceptible de déposer plainte ou encore proposer un partenariat ou une initiative en lien avec l'accueil et la prise en charge des victimes dans le cadre des missions des services de police ou de gendarmerie peut contacter l'adresse fonctionnelle de l'OCRTEH : dnpj-ocrteh-etat-major@