Mon nom est Christina, j’ai 28 ans aujourd’hui et je vis à Paris.
Je suis venue en France pour gagner un peu d’argent afin de terminer mon master de chimie.
Mais rien ne s’est déroulé comme je l’avais prévu.
Nous sommes en 2020 et je vis en Moldavie.
En parallèle de mes études, je travaille dans une agence de mannequinat.
Christophe, un photographe français, me repère par ce biais et me contacte via internet pour me proposer de venir en France afin de poser pour lui.
Il me promet de s’occuper de tout : de me payer mon billet d’avion, de me procurer un logement et un visa, de me donner du travail.
Cette proposition est tentante. Elle m’ouvre une voie pour financer la fin de mes études. Alors j’accepte.
Christophe tient parole et organise parfaitement mon voyage et mon installation à Paris. Pendant 2 ans, mon travail consiste à poser pour des photos érotiques.
Je m’en accommode car je gagne un peu d’argent et je crois être en mesure de poser mes conditions aux clients.
Mais ma situation se complique quand Christophe me propose de devenir "Escort" et d’avoir des relations sexuelles tarifées avec certaines de ses relations haut placées.
Il essaie de me convaincre en me disant que je vais côtoyer la haute société et accéder à une vie de luxe.
Comme je refuse, il devient pressant et me menace de diffuser mes photos sur Internet, de détruire ma carrière... J’ai peur de tout perdre et je finis par céder.
Rapidement, Christophe régit ma vie. Il crée un site à mon nom pour m’exhiber et attirer de nouveaux clients. Je dois toujours être à sa disposition.
Il me harcèle de messages, jour et nuit pour me donner rendez-vous avec des clients et me passer des consignes sur la tenue que je dois porter et la façon dont je vais devoir me comporter...
Les clients sont des hommes bien plus âgés que moi, persuadés de me faire une faveur.
Ils m’exhibent comme un trophée, un bien matériel parmi tant d’autres.
Au bout de 3 ans de cette vie, je suis complètement perdue. Je veux tout arrêter mais Christophe me met la pression.
Une nuit de dispute, il me met à la rue. C’est alors que je décide de prendre contact avec une association pour m’aider à me sortir de cette situation.
DES CLEFS POUR COMPRENDRE
La traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle est selon l’art. 225-4-1 du code pénal « le fait, en échange d’une rémunération ou de tout autre avantage ou d’une promesse de rémunération, de recruter une personne, de la transporter, de la transférer, de l’héberger ou de l’accueillir, pour la mettre à sa disposition ou à la disposition d’un tiers afin de permettre la commission contre cette personne des infractions de proxénétisme, d’agression ou d’atteintes sexuelles ».
Qui sont les victimes ?
La traite des êtres humains dans un but d’exploitation sexuelle est souvent caractérisée par un réseau d’exploiteurs qui a une main mise totale sur les victimes.
Bien que toutes les victimes n’aient pas le même profil, on retrouve des similitudes chez beaucoup d’entre elles. Elles peuvent être de toutes nationalités.
Concernant les personnes étrangères, les associations rencontrent majoritairement des personnes originaires d’Afrique subsaharienne ou d’Amérique du Sud, dont l’exploitation en rue est plus visible.
Parmi les victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle accompagnées par les associations, sont largement représentées des femmes, jeunes, issues de minorités ou marginalisées, étrangères et présentant de multiples fragilités, notamment financières. Leur parcours de vie est généralement marqué par de la violence et de nombreux traumatismes, ce qui les rend vulnérables et enclines à faire confiance à des personnes malveillantes.
Les réseaux de traite les attirent en faisant miroiter de fausses promesses d’un avenir meilleur.
Ces espoirs poussent les victimes à rejoindre la France en pensant y trouver un emploi leur permettant de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs proches restés au pays.
Durant le parcours migratoire, si celui-ci est terrestre, les victimes s’exposent à une violence inouie de la part des trafiquants, notamment des actes de torture et des viols.
De manière générale, dès lors que le processus de traite est mis en place, une emprise psychologique, physique, matérielle et financière s’installe, dénuant la victime de ses capacités à se défendre.
Qu’elles soient averties ou non de l’activité prostitutionnelle qui les attend, celles-ci n’imaginent pas l’univers de violences auquel elles vont être confrontées et la difficulté pour s’en affranchir. Il faut noter que des Français, femmes et hommes, sont aussi victimes de traite. La traite ne se définit pas uniquement par le passage d’une frontière ; elle peut être interne au pays.
Comment les repérer ?
Les victimes peuvent être difficiles à repérer car les réseaux de traite menacent les victimes et leurs familles.
Ainsi, beaucoup de victimes ont peur de dévoiler leur situation et prétendent être en prostitution par elles-mêmes.
De plus, de nombreuses victimes sont hébergées, voire séquestrées par le réseau de traite, avec une menace de mise à la rue en cas de refus d’obéir aux ordres, ce qui les rend d’autant plus vulnérables et difficiles à repérer.
Les vulnérabilités et signes de violences visibles peuvent permettre de déceler la situation dans laquelle se trouve la victime. En cas de doute sur une situation perçue, référez-vous à une association spécialisée plutôt que d’agir de manière individuelle.
Pourquoi ce phénomène en marge des grands événements sportifs ?
Du fait de l’afflux massif de touristes lors des grands événements sportifs, les recherches et demandes d’achats d’actes sexuels sont importantes. Afin de répondre à cette demande, les réseaux de traite vont recruter et acheminer de nouvelles victimes.
> En savoir plus sur le sujet : "Agir contre l’exploitation en marge des grands événements sportifs"
