Panorama de la traite au Sénégal

ECPAT International, en collaboration avec la CONAFE (Coalition Nationale des Associations et ONGs en Faveur de l’Enfant), a réalisé un panorama de la traite au Sénégal. Ce rapport, à destination des acteurs locaux, est un excellent moyen d’appuyer leur plaidoyer dans la perspective de faire évoluer les lois en matière de protection des enfants et de lutte contre l’exploitation sexuelle.

Le panorama de la traite au Sénégal est basé sur des sources documentaires juridiques, gouvernementales, de la société civile et des médias. 

La législation au Sénégal

Un arsenal législatif qui se renforce et se complète
Concernant la traite des êtres humains, le Sénégal a une loi conforme au protocole de Palerme. Le pays a ratifié les principales conventions internationales et a élaboré un large corpus législatif protégeant les enfants contre l’exploitation sexuelle. Toutefois, l’adoption de projets de lois renforçant les droits des enfants est en suspens. Ils concernent l’élaboration d’un Code de l’enfant, la création d’un Défenseur des enfants et le statut des écoles coraniques. 
Par ailleurs, il n’y a pas de plan national contre l’exploitation sexuelle des enfants mais il existe une Stratégie de Protection de l’Enfant depuis 2013.

Un manque cruel de moyens en défaveur de l’application des lois
Malheureusement, la protection de l’enfance est limitée par manque de coordination, de financement et la dispersion des services sociaux. Les services publics ne couvrent pas l’ensemble du territoire et n’ont pas les ressources financières et le personnel suffisant pour héberger et accompagner tous les enfants victimes.

Le Sénégal a besoin d’un important renforcement des capacités des acteurs de la protection de l’enfance, que ce soit en termes techniques (comprendre le crime, que l’enfant est victime, qu’il a des droits, qu’il doit être protégé…) mais aussi en termes de capacités humaines et financières.

De plus, la loi est très peu appliquée par méconnaissance des juges et des magistrats. Des actions de formation auprès du personnel judiciaire, des associations et de la protection de l’enfance, font partie des recommandations du rapport. 

La sensibilisation, un rouage essentiel à développer dans la lutte contre la traite

Favoriser l’identification des victimes
Il y a au Sénégal un manque criant de signalements. La population ne sait pas repérer les victimes. Des opérations de sensibilisation sur le phénomène auprès des communautés et des familles sont nécessaires pour favoriser l’identification des personnes exploitées. 

Apprendre aux enfants à se protéger
Par ailleurs, on constate que les pratiques du « confiage » ou du placement en école coranique sont destinées à la base à la protection et l’éducation de l’enfant. Mais les familles n’ont pas conscience des risques encourus. 

Il est donc nécessaire de sensibiliser les parents et d’apprendre aux enfants à se protéger, à distinguer une fausse promesse, et s’ils sont victimes, à connaitre les personnes ressources vers qui ils peuvent se tourner.

Des axes de recherche à approfondir

Pour lutter contre la vulnérabilité des mineurs, il serait utile de comprendre les raisons qui poussent les familles à confier leurs enfants aux marabouts ou à des tiers, et de savoir en quoi ils pensent que c’est meilleur pour eux. Cela permettrait de mieux cibler les messages de sensibilisation. 

Initier la coopération entre acteurs

Au Sénégal, le gouvernement, la police et la société civile œuvrent chacun de leur côté. N’ayant pas les mêmes rôles, les mêmes enjeux et les mêmes contraintes, ils ne voient pas les avantages d’une coopération. Cette démarche est à initier afin que ces acteurs deviennent complémentaires et agissent dans le sens commun de la protection des enfants et la poursuite des exploiteurs. 

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Article rédigé en collaboration avec Audrey Rochette, Responsable de programmes au sein d’ECPAT