Un dispositif amplifié par la crise du CoViD-19 qui a eu des conséquences sur les personnes victimes d’exploitation sexuelle et de traite des êtres humains.
Lors du premier confinement du printemps 2020, avec l’arrêt de leur activité au Bois de Vincennes et à Paris, et l’absence de revenus, beaucoup ont pris conscience qu’une autre vie était possible. Elles souhaitent désormais s’en sortir : 36 personnes sont ainsi venues vers l'association "Aux captifs, la libération" avec un désir de quitter leur situation d'exploitation.
Aujourd’hui, dans certaines des antennes des Captifs, les demandes d’entrées en Parcours de Sortie de Prostitution (PSP) sont en constante augmentation : les femmes se rencontrent, se passent le mot et elles sont de plus en plus nombreuses à envisager cette solution. Pour une majeure partie, ce sont des femmes nigérianes recrutées, transportées et exploitées sexuellement dans la rue en France, en Allemagne et en Italie, sous la coupe de réseaux de proxénètes violents.
Le parcours de sortie de la prostitution et d’insertion sociale et professionnelle est un dispositif ouvert aux personnes adultes, victime de prostitution, de proxénétisme ou de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle qui souhaitent sortir de la prostitution et accéder à des alternatives.
Ce dispositif, applicable depuis le 15 avril 2017, a été instauré par la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées (loi complétée par le décret n° 2016-1467 du 28 octobre 2016 relatif au parcours de sortie de la prostitution et d’insertion sociale et professionnelle et à l’agrément des associations participant à son élaboration et à sa mise en œuvre et la circulaire du 31 janvier 2017).
Il repose sur les commissions départementales de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains et des associations agréées chargées de la mise en œuvre de ce parcours.
L’entrée dans le dispositif est accordée à la victime par le préfet de département, après analyse de sa situation par une association agréée et avis de la commission départementale de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains.
L’entrée dans le dispositif est accordée pour une période de 6 mois renouvelable dans la limite de 24 mois et offre aux victimes un accompagnement assuré par les associations agréées et l’octroi de droits spécifiques tels qu’une autorisation provisoire de séjour pour les victimes étrangères et une aide financière.
En 2021, 27 personnes suivent actuellement ce parcours, d'autres doivent attendre. Ce parcours de 2 ans implique un engagement fort de la part des personnes : elles doivent cesser leur activité au Bois, être accompagnées vers le logement et l’emploi, et reçoivent une allocation et une autorisation de séjour en échange. En 2022, l’objectif est d’accompagner 8 personnes de plus dans ces parcours, et 12 sorties sont attendues, pour une nouvelle vie hors de l’exploitation sexuelle et de l’univers de la Traite. Le défi va bien au delà des 2 années de parcours "officiel". Il faut parfois des années pour se relever d'une situation d'emprise, pour passer de victime à survivant.
Aux Captifs, la Libération
L’association Aux Captifs, la Libération est née en 1981 pour aller vers les personnes à la rue en situation de précarité à l’intérieur de Paris, aux Bois de Boulogne et Bois de Vincennes ; avec aujourd’hui 25 maraudes hebdomadaires à destination des personnes en situation de rue ou/et d’exploitation sexuelle ou de prostitution, parfois victimes de traite des êtres humains.
Elle a aussi des équipes bénévoles à Bordeaux, Lyon et Nîmes.
Le cœur de sa mission est d’aller à la rencontre des personnes sur leur lieu de vie et ou d’exploitation. L’idée est d’aider chacun et chacune à construire un projet de vie, pouvant aller jusqu’à la sortie de la prostitution.
Les équipes de bénévoles et de salariés ont développé une expertise dans la rencontre, l’identification, l’accueil et l’accompagnement des personnes.
L’association propose également des permanences d’accueil et un accompagnement global à travers accompagnement social, accès au soin et au droit grâce à un maillage associatif adapté.
Les propositions de l’association visent à favoriser la liberté de choix des personnes dans leurs parcours. L'association déploie des activités de mobilisation /dynamisation ainsi que des séjours de rupture, comme autant de leviers de reconstruction vers une capacité à exercer sa liberté voire une insertion.
L’identification spécifique des victimes de traite aux fins d’exploitation sexuelle, mineures et majeures, est une des priorités de l’association ; tout comme la sensibilisation des pouvoirs publics et de la société aux problématiques liées à la traite des êtres humains.
L’association est agréée depuis trois ans par l’Etat pour accompagner des parcours de sortie de prostitution.et de traite à des fins d’exploitation sexuelle.
Article écrit en collaboration avec :
Gilles Badin, directeur opérationnel de l’association Aux Captif, la Libération